Dans un contexte de vieillissement de la population et de hausse prévisible du nombre de décès, les collectivités territoriales doivent anticiper les besoins en infrastructures funéraires. La chambre funéraire, ou funérarium, est un équipement indispensable à l’organisation des obsèques et à l’accueil des défunts avant leur inhumation ou leur crémation.
Cependant, certains territoires, jugés peu attractifs économiquement, sont parfois délaissés par les opérateurs funéraires privés. Cette carence peut contraindre les familles à parcourir de longues distances pour accéder à un funérarium. À l’inverse, d’autres zones font face à une concentration de l’offre, créant des situations de quasi-monopole qui entraînent des tarifs élevés et peu régulés.
Pour garantir un accès équitable et de qualité à ce service, les collectivités peuvent recourir à différents montages juridiques afin de faciliter la création, l’implantation ou la gestion d’une chambre funéraire sur leur territoire.
Sur le plan juridique, la chambre funéraire fait partie intégrante du service extérieur des pompes funèbres, tel que défini par l’article L. 2223-19 du Code général des collectivités territoriales (CGCT). Ce service, de nature facultative, englobe un ensemble de prestations essentielles à l’accompagnement des familles endeuillées, parmi lesquelles :
Ce même article prévoit que les communes peuvent décider de faire de tout ou partie de ces prestations un service public local, géré en régie directe ou délégué via une délégation de service public (DSP). Par ailleurs, il est également possible pour une collectivité de laisser la gestion de ces prestations à un opérateur funéraire habilité, sans passer par un contrat public, tant que le service n’est pas érigé formellement en service public local.
Ce statut hybride confère à la chambre funéraire une double nature : elle peut relever d’un intérêt général, tout en constituant une activité commerciale privée, selon les modalités d’exploitation choisies par la collectivité.
Gérer une chambre funéraire sur le domaine privé de la commune : une activité commerciale encadrée
Lorsqu’une chambre funéraire est implantée sur le domaine privé communal sans être intégrée au service public local, elle peut être exploitée comme une activité commerciale indépendante. Ce cadre permet à la collectivité d’éviter les contraintes liées au droit de la commande publique.
Plusieurs montages juridiques sont alors possibles pour permettre à un opérateur funéraire d’exploiter l’équipement :
Ce type de gestion s’inscrit dans une logique de délégation informelle, où l’opérateur funéraire reste maître de son activité, tout en répondant à un besoin local identifié.
Chambre funéraire et intérêt général : le cadre du bail emphytéotique administratif
Lorsqu’une commune souhaite garantir une affectation durable à usage funéraire sans assumer elle-même la gestion directe, elle peut opter pour le bail emphytéotique administratif (BEA). Ce dispositif est particulièrement adapté aux chambres funéraires considérées comme équipements d’intérêt général.
Le BEA présente plusieurs avantages :
Attention toutefois : si la collectivité intervient de manière trop poussée dans la gestion du service (horaires d’ouverture, encadrement tarifaire, accueil du public...), le montage peut être requalifié en délégation de service public, avec les contraintes juridiques associées.
En complément de ce cadre juridique, des aides publiques peuvent être mobilisées pour soutenir le projet, notamment via des dispositifs de revitalisation des territoires ruraux ou des programmes d’aide à l’immobilier d’entreprise. Ces leviers permettent de faciliter l’implantation d’une chambre funéraire dans des zones où l’offre est insuffisante ou absente.
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, en contribuant à leur reconnaissance et en assurant la notification des taux de cotisation aux entreprises.
Gérer une chambre funéraire comme un service public local : les options ouvertes aux communes
Lorsque l’offre privée est absente ou insuffisante sur un territoire, une collectivité peut faire le choix d’ériger une chambre funéraire en service public communal. Cette démarche permet d’assurer un accès équitable à un équipement essentiel du parcours funéraire, à des conditions tarifaires maîtrisées.
Trois modèles de gestion s’offrent alors à la commune, selon le degré de contrôle souhaité et les moyens dont elle dispose :
La commune peut assurer elle-même l’exploitation de la chambre funéraire en créant une régie autonome ou un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC).
Dans ce cadre, l’établissement public recrute du personnel dédié et prend en charge l’ensemble des prestations liées à l’activité, au nom de la collectivité.
Ce mode de gestion garantit une pleine maîtrise du service, mais implique des ressources humaines et budgétaires importantes.
Deux types de délégation de service public sont envisageables :
Ces formules permettent à la collectivité de garantir l’existence d’un service tout en s’appuyant sur le savoir-faire du secteur privé.
La commune peut également choisir une voie intermédiaire en confiant la gestion de la chambre funéraire à une SPL ou une SEM, structures dont elle détient tout ou partie du capital.
Ce modèle présente plusieurs avantages :
Le choix du montage juridique pour une chambre funéraire dépend d’un équilibre entre plusieurs critères : volonté politique de la commune, niveau de contrôle souhaité sur le service, capacité d’investissement, et présence (ou non) d’acteurs privés sur le territoire.
Chaque option implique des enjeux spécifiques, qu’il s’agisse de garantir la neutralité du service, d’assurer sa viabilité financière ou d’éviter les déséquilibres concurrentiels. Une analyse juridique approfondie est donc indispensable avant toute décision d’implantation.
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