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Aquamation : Une nouvelle approche funéraire respectueuse de l’environnement

Rédigé par Eliott RUBINI | 24/09/2024

Face à une prise de conscience environnementale grandissante, les pratiques funéraires évoluent, et de nouvelles méthodes voient le jour. Parmi celles-ci, l’aquamation s’impose comme une alternative écologique à la crémation traditionnelle. Ce procédé, également connu sous le nom d’hydrolyse alcaline, propose une méthode douce et respectueuse pour réduire le corps du défunt, tout en minimisant son impact sur l’environnement.
Dans cet article, nous vous proposons d'explorer en détail l’aquamation, son fonctionnement, ses avantages écologiques, ainsi que ses perspectives d'avenir.

Qu’est-ce que l’aquamation ?

L’aquamation est une technique funéraire innovante qui repose sur l’hydrolyse alcaline. Contrairement à la crémation par le feu, qui utilise des températures très élevées pour décomposer le corps, l’aquamation utilise une combinaison d’eau, de chaleur et une solution alcaline (hydroxyde de sodium et de potassium) pour dissoudre les tissus du défunt de manière naturelle et douce.


Le processus commence avec l’immersion du corps dans un cylindre métallique hermétique, rempli d’eau et de la solution alcaline. Ce mélange est chauffé à environ 95°C pendant plusieurs heures, accélérant le processus de décomposition des tissus. À la fin, seuls les os subsistent, lesquels sont broyés en une fine poudre blanche et remis à la famille dans une urne, tout comme lors d’une crémation classique.

Les avantages écologiques de l’aquamation

L’un des atouts majeurs de l’aquamation est son faible impact environnemental. Contrairement à la crémation traditionnelle, qui nécessite une grande quantité d’énergie et libère des gaz à effet de serre, l’aquamation se distingue par :
Moins d'émissions de CO2 :

  • Une crémation par le feu libère environ 160 kg de CO2, tandis que l’aquamation n’en produit qu’environ 1 kg, soit 160 fois moins.
  • Une consommation d’énergie réduite : La crémation classique utilise des températures allant jusqu’à 1200°C, tandis que l’aquamation nécessite seulement 95°C, ce qui représente une économie d’énergie de 90 %.
  • Neutralisation des agents pathogènes : Ce processus élimine les métaux lourds, les produits chimiques utilisés lors de l’embaumement, et stérilise totalement les restes. Le liquide résultant de l’aquamation est inoffensif et peut être rejeté dans le réseau d’eaux usées sans risque pour l’environnement.
  • Récupération des métaux : Les prothèses et autres implants médicaux peuvent être récupérés en fin de processus, contrairement à la crémation classique où ils sont détruits ou enfouis.

L’origine et l’évolution de l’aquamation

L’aquamation n’est pas une invention récente. Elle trouve ses origines à la fin du XIXe siècle avec les travaux d’Amos Herbert Hobson, qui avait développé cette technique pour dissoudre les carcasses animales et produire des fertilisants.

Depuis lors, l’hydrolyse alcaline a été principalement utilisée dans les milieux vétérinaires pour lutter contre les maladies infectieuses.


Cependant, ce n’est que récemment que cette méthode a été adaptée pour les funérailles humaines. Aujourd’hui, elle est légalisée dans plusieurs pays comme l’Australie, le Canada, et dans une quinzaine d’États américains, dont la Californie depuis 2020. En Europe, le Royaume-Uni envisage de légaliser cette pratique, tandis qu’en France, elle reste à l’étude au sein du Conseil national des opérations funéraires (CNOF).

Aquamation en France : Un futur incertain

Malgré son adoption croissante dans d'autres pays, l’aquamation n’est pas encore autorisée en France. Le cadre législatif français limite actuellement les choix des familles à l’inhumation ou à la crémation par le feu.

Cependant, la demande pour des funérailles plus écologiques pousse de plus en plus de personnes à considérer des alternatives comme l’aquamation.


Selon une étude menée en 2018, 6 Français sur 10 envisagent la crémation plutôt que l’inhumation, et parmi eux, 40 % citent la réduction de leur empreinte carbone comme motivation principale. Si la crémation traditionnelle est perçue comme une option plus écologique que l’inhumation, l’aquamation pourrait répondre encore mieux à ces préoccupations environnementales.

Une approche plus douce et symbolique

Au-delà de ses avantages écologiques, l’aquamation est souvent vue comme une méthode plus douce et symbolique. L’eau, élément central de ce processus, est perçu dans de nombreuses cultures comme un symbole de purification. Ce retour à l’élément aquatique rappelle les pratiques funéraires ancestrales, comme celles des Vikings ou de certaines communautés du Pacifique, qui immergeaient leurs défunts dans des eaux sacrées.

Aquamation et coût

Un autre avantage souvent mis en avant est le coût de l’aquamation. Aux États-Unis et au Canada, l’aquamation est en moyenne moins coûteuse que la crémation traditionnelle. Le processus coûte environ 350 dollars, contre 550 dollars pour une incinération classique.

Cela s’explique par la faible consommation d’énergie et l'absence de cercueil obligatoire.
L’aquamation représente une alternative prometteuse aux méthodes funéraires traditionnelles, répondant aux préoccupations environnementales actuelles.

Si elle n'est pas encore légalisée partout, notamment en France, son adoption croissante dans d’autres pays laisse penser qu’elle pourrait bientôt devenir une option courante pour les familles cherchant des funérailles plus respectueuses de l'environnement. De par son approche douce, écologique et symbolique, l’aquamation pourrait bien être l’avenir des pratiques funéraires.